• LES ROIS MAGES SELON L'ESOTERISME





    La fête de l'Epiphanie, célébrée 12 jours après Noël, sous le signe du Capricorne,
    est la fête des trois rois mages guidés par la lumière de l'étoile,
    ce point de conscience qui brille en chacun, vers l'étable
    où vient de naître Jésus, la Lumière, la Vie, la Conscience.

    Cette étoile dont la brillance est ténue annonce
    qu'elle peut devenir un soleil resplendissant,
    car elle montre que Jésus --
    en devenant le Christ -- sera la Lumière du monde.





    Une fois de plus, la Tradition (sous un certain aspect) nous présente ce qu'est réellement
    la Quête de tout être humain : la Révélation de la conscience, le Christ en nous.

    Le tableau classique de la Crèche où naît le Maître est un symbole complet
    du renouvellement de la Création. On y retrouve les cinq éléments constitutifs de la manifestation :






    C'est à Bethléem, la maison terrestre, le "voile de Dieu" qu'a lieu la Naissance.


    Mais n'est-il pas curieux également de constater que (selon d'autres interprétations)
    cette "légende" ou -- pour être plus précis -- cette "histoire arrangée" représente sur un autre plan une quête alchimique ? Notez plutôt :

    Dans la Crèche (l'Athanor), on voit Marie (l'Eau), Joseph (l'Air), le Boeuf (la Terre) et l'Ane (le Feu) autour de l'Enfant-Lumière (l'Akasha) qu'est Jésus.


    Plus étrange encore, dans cette symbolique alchimique, on y voit ces Rois-mages qui, assez curieusement, représentent les trois phases du Grand Œuvre :

    Gaspar dont la
    peau est noire, Melchior (dont la peau est blanche) et Balthazar (dont la peau serait... rouge).






    La conclusion peut paraître hasardeuse au sujet de Balthazar, car pourquoi aurait-il la peau rouge ? Serait-ce un arrangement pour les besoins de l'histoire ?

    Il n'en est rien, car souvenons-nous que ce personnage est originaire de Tharsis que l'on situe mal géographiquement parlant.

    Sédir, en faisant de lui le roi de Ceylan, y a vu peut-être la source de la Tradition via l'Inde.

    Mais il semble qu'il faille plutôt se diriger au-delà des colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar) pour découvrir le fabuleux royaume de Tharsis dont parlent les Ecritures, ce royaume de Tartessos dont nous reparlerons plus tard au sujet de l'Atlantide , siège des derniers vestiges atlantes.






    Balthazar serait donc de race rouge, puisque roi de Tharsis, donc héritier de la Tradition atlante.

    Nous arrêterons là sur le symbolisme alchimique et sur les transmissions, car cela nous mènerait trop loin et dépasserait le cadre de cet article.

    Ces Rois-mages posent réellement une énigme quant à leur origine et leurs connaissances.


    Dans sa [i]Mission de l'Inde

    C'est là où règne le Roi du Monde, qui se reflète en trois personnes : -- Brahama, support des âmes dans l'Esprit de Dieu -- Mahatma, représentant l'âme universelle -- Malianga, symbole de l'organisation universelle du Cosmos.






    Un autre auteur, René Guénon, dans son ouvrage sur Le Roi du Monde, dit :

    « Le Mahatma représente plus spécialement le pouvoir sacerdotal et le Mahanga le pouvoir royal. Cette distinction correspond à celle des brahmanes et des ksatriyas. Mais, d'ailleurs, étant au-delà des castes, le Mahatma et le Mahanga ont eux-mêmes, aussi bien que le Brahatma, un caractère à la fois sacerdotal et royal...


    Nous dirons maintenant que ces personnages mystérieux, les Rois Mages, ne représentent en réalité rien d'autre que les trois chefs de l'Aggartha : le Mahanga offre au Christ l'or et le salue comme "roi", le Mahatma lui offre la myrrhe (le baume d'immortalité) et le salue comme "prophète" ou Maître spirituel par excellence.



    « Tous les ans, ces hommes (les Mages), après la moisson, montaient sur un mont qui, dans leur langue, s'appelait Mont de la Victoire, lequel renfermait une caverne taillée dans le rocher et agréable par les ruisseaux et les arbres qui l'entouraient.


     

    Arrivés sur le mont, ils se lavaient, priaient et louaient Dieu en silence pendant trois jours.

    C'est ce qu'ils pratiquaient pendant chaque génération toujours dans l'attente si, par hasard, l'étoile du bonheur ne paraîtrait pas pendant leur génération.

    Mais, à la fin, elle parut sur ce Mont de la Victoire sous la forme d'un petit enfant et offrant la figure d'une croix. Elle leur parla, les instruisit, et leur ordonna de partir pour la Judée... --

    L'étoile les précéda ainsi pendant deux années, et le pain ni l'eau ne leur manquèrent jamais... »




    Il faut tout de même s'arrêter sur un point qui a son importance.


    Ces personnages étaient à la fois Rois et Mages -- c'est-à-dire souverains dans leur pays, représentants de l'autorité temporelle.

    Mais aussi Adeptes investis d'une formidable autorité spirituelle et possédant la plus haute science qui soit : celle de la Magie ou Théurgie Science des sciences.

    Ils sont donc rois et mages à la fois, deux fonctions qui trouvent leur origine dans la nuit des temps.


    Hormis ces trois Rois-mages, la seule mention faite dans la Bible d'un personnage similaire est Melkistdecq, qui était roi de Salem mais aussi prêtre, puisque Sacrificateur du Très-Haut.

    Melkistedeq était sans généalogie (Genèse, XIV:18-20) et c'est lui qui bénit Abraham, dont la descendance devait donner naissance aux trois religions monothéistes que nous connaissons.

    Etre sans généalogie peut signifier aussi occuper une dignité au-delà du temps et de l'espace...



    Et donc se situer dans cette Fraternité Himalayenne connue sous le nom de "Grande Loge Blanche".

    Ainsi, les Rois de Justice sont des personnages détenteurs de la vraie Science.




    Les Maîtres de Justice chez les Esséniens étaient des représentants de la plus haute autorité, et lorsqu'on songe à quoi se rattachait cette Fraternité -- d'origine atlante -- dans laquelle le Christ devait venir, on comprend mieux l'implication traditionnelle.

    Il est du reste curieux de constater que dans le vocabulaire provençal (considéré comme une langue d'initiés) le terme mage signifie juge.






    L'hommage ainsi rendu au Christ naissant, dans les trois mondes qui sont leurs domaines respectifs, par les représentants authentiques de la tradition primordiale, est le gage de la parfaite orthodoxie du Christianisme à l'égard de celle-ci. »

    Fulcanelli, pour sa part, dans Le Mystère des Cathédrales, cite un passage d'un auteur du VIe siècle où l'on peut comprendre une voie conduisant au Grand Œuvre. I


    Il souligne :

    Ces Rois-mages font donc partie d'une Hiérarchie qui dépasse les conceptions humaines, et ce n'est pas sans raison qu'Ils vinrent honorer le Roi des rois dans la Crèche.



    Les Rois Mages. « Le premier représente le pouvoir royal : il offre au Christ l'or et le salue comme « Roi » ; le deuxième représente le pouvoir sacerdotal : il offre l'encens et salue le Christ comme « Prêtre » ; enfin, le troisième représente la synthèse des deux pouvoirs à l'état indifférencié : il offre la myrrhe (le baume d'incorruptibilité) et salue le Christ comme « Prophète » ou Maître spirituel par excellence. »



    La fonction des Rois mages a donc un caractère aristocratique qui les distingue de la « plèbe » représentée par les bergers. On doit les placer en face de l'Enfant-Jésus, tandis que les bergers peuvent être disposés en demi-cercle autour des Rois mages.

    Enfin la naissance du Verbe, ou la « renaissance spirituelle » de l'âme, doit s'accomplir dans la « nuit » ; c'est pourquoi elle a lieu dans la « grotte », à minuit, et au solstice d'hiver, date de Noël.

    La grotte n'est nullement une pauvre chaumière avec un toit de paille. Son symbolisme se réfère à celui de la Caverne ou du Dôme (situé, dans nos églises, au dessus du sanctuaire où s'accomplit le mystère eucharistique).




    La Caverne doit avoir une forme hémisphérique (proprement un quart de sphère) ; l'intérieur doit être sombre, éclairé seulement par l'Étoile, symbole de la Lumière divine, qu'on peut placer au sommet de la Caverne.


    Enfin la crèche où repose l'Enfant-Jésus peut avoir une forme hémisphérique, complémentaire de celle de la Caverne, ce qui symbolise les deux moitiés de « l'Œuf du Monde »(3).


    * Ce texte de l’Abbé Henri Stéphane est extrait de son Introduction à l’ésotérisme Chrétien, que viennent de rééditer (2006) les éditions Dervy (lire dans la lettre de Symbole de Novembre 2006 l’article d’Arnaud Rouvières “La Somme de l’abbé Stéphane” - Introduction à l’ésotérisme Chrétien, abbé Henri Stéphane, Traités recueillis et annotés par François Chenique, Préface de Jean Borella, éd. Dervy, 2006,



    (1) Le point de vue macrocosmique est le point de vue du Macrocosme (le “grand monde”, c’est-à-dire l’univers créé).
    (2) Le point de vue microcosmique est le point de vue du Microcosme (l’homme considéré comme un “petit univers”)

    (3) Sur les divers symbolismes évoqués ici, voir les chapitres de R. Guénon réédités dans Symboles fondamentaux de la Science sacrée, en particulier, chap. XXX,
    Le Cœur et la Caverne; chap. XXXII, Le Cœur et l'Œuf du Monde; chap. XXXIII, La Caverne et l'OEuf du Monde; chap. XXXIX, Le symbolisme du dôme.


    Un extrait du Roi du Monde de René Guénon

    Ce que représentent les “Rois Mages”



    (Selon la tradition hindoue) « l’Adi Manu ou premier Manu de notre Kalpa (…) est appelé Swâyambhuva, c’est-à-dire issu de Swâyambhû, « Celui qui subsiste par soi-même », ou le Logos éternel ; or le Logos, ou celui qui le représente directement, peut véritablement être désigné comme le premier des Gurus ou « Maîtres spirituels » (…) (et) Om (AVM) est un nom du Logos(1). (…)


    Les trois éléments de ce monosyllabe sacré symbolisent respectivement les « trois mondes », (…) les trois termes du Tribhuvana : la Terre (Bhû), l’Atmosphère (Bhuvas), le Ciel (Swar), c’est-à-dire, en d’autres termes, le monde de la manifestation corporelle, le monde de la manifestation subtile ou psychique, le monde principiel non manifesté(2).




    Ce sont là, en allant de bas en haut, les domaines propres du Mahânga, du Mahâtmâ et du Bahâtmâ, comme on peut le voir aisément en se reportant à l’interprétation de leurs titres qui a été donnée plus haut* ; et ce sont les rapports de subordination existant entre ces différents domaines qui justifient, pour le Brahâtmâ, l’appellation de « Maître des trois mondes(3) » que nous avons employée précédemment :


    Le Triregnum (la tiare à trois couronnes) : l'un des principaux insignes de la Papauté,
    symbole des "trois Mondes"

     

    « Celui qui est le Seigneur de toute chose, l’omniscient (qui voit immédiatement tous les effets dans leur cause), l’ordonnateur interne (qui réside au centre du monde et le régit du dedans, dirigeant son mouvement sans y participer), la source (de tout pouvoir légitime), l’origine et la fin de tous les êtres (de la manifestation cyclique, dont il représente la loi) 


    Pour nous servir encore d’un autre symbolisme, non moins rigoureusement exact, nous dirons que le Mahânga représente la base du triangle initiatique et le Brahâtmâ son sommet ; entre les deux, le Mahâtmâ incarne en quelque sorte un principe médiateur (la vitalité cosmique, l’Anima Mundi des hermétistes), dont l’action se déploie dans “l’espace intermédiaire” (…)




    Expliquons-nous plus nettement encore : au Brahâtmâ appartient la plénitude des deux pouvoirs, sacerdotal et royal, envisagés principiellement et en quelque sorte à l’état indifférencié ; ces deux pouvoirs se distinguant ensuite pour se manifester, le Mahâtmâ représente plus spécialement le pouvoir sacerdotal, et le Mahânga le pouvoir royal.



    Cette distinction correspond à celle des Brâhmanes et des Kshatriyas ; mais d’ailleurs, étant “au-delà des castes”, le Mahâtmâ et le Mahânga ont en eux-mêmes, aussi bien que le Brahâtmâ, un caractère à la fois sacerdotal et royal.


    A ce propose, nous préciserons même un point qui semble n’avoir jamais été expliqué d’une façon satisfaisante, et qui est cependant fort important : nous faisions allusion précédemment aux “Rois Mages” de l’Évangile, comme unissant en eux les deux pouvoirs ; nous dirons maintenant que ces personnages mystérieux ne représentent en réalité rien d’autre que les trois chefs de l’Agarttha(5).





    Le Mahânga offre au Christ l’Or et le salue comme “Roi” ; le Mahâtmâ lui offre l’encens et le salue comme “Prêtre” ; enfin le Brahâtmâ lui offre la myrrhe (le baume d’incorruptibilité, image de l’Amritâ(6) et le salue comme “Prophète” ou Maître spirituel par excellence.


    L’hommage ainsi rendu au Christ naissant, dans les trois mondes qui sont leurs domaines respectifs, par les représentants authentiques de la tradition primordiale, est en même temps, qu’on le remarque bien, le gage de la parfaite orthodoxie du Christianisme à l’égard de celle-ci. »

    René Guénon




    Le Roi du Monde - (extrait du chapitre IV « Les trois fonctions suprêmes »)Éd. Gallimard

    * NDLR : En ouverture du chapitre IV consacré aux « Trois fonctions suprêmes », l’auteur a noté que : « Suivant Saint-Yves (d’Alveydre), le chef suprême de l’Agarttha porte le titre Brahâtmâ (il serait plus exact d’écrire Bahmâtmâ) “support des âmes dans l’Esprit de Dieu” ; ses deux assesseurs sont le Mahâtmâ, “représentant de l’Ame universelle” et le Mahânga “symbole de toute l’organisation matérielle du cosmos” : c’est la division hiérarchique que les doctrines occidentales représentent par le ternaire “esprit, âme, corps” et qui est appliquée ici selon l’analogie constitutive du Macrocosme et du Microcosme.




    Il importe de remarquer que ces termes, en sanscrit, désignent proprement des principes, et qu’ils ne peuvent être appliqués à des êtres humains qu’en tant que ceux-ci représentent ces mêmes principes, de sorte que, même dans ce cas, ils sont attachés essentiellement à des fonctions et non à des individualités. »


    (1)Ce nom se retrouve même, d’une façon assez étonnante, dans l’ancien symbolisme chrétien, où, parmi les signes qui servirent à représenter le Christ, on en rencontre un qui a été considéré plus tard comme une abréviation d’Ave Maria, mais qui fut primitivement un équivalent de celui qui réunit les deux lettres extrêmes de l’alphabet grec, alpha et ôméga, pour signifier que le Verbe est le principe et la fin de toutes choses ; en réalité, il est même plus complet, car il signifie le principe, le milieu et la fin.





    Ce signe se décompose en effet en A V M, c’est-à-dire les trois lettres latines correspondant exactement aux trois éléments constitutifs du monosyllabe Om (la voyelle o, en sanscrit, étant formée par l’union de a et de u). Le rapprochement de signe Aum et du swastika, pris l’un et l’autre comme symboles du Christ, nous semble particulièrement significatif au point de vue où nous nous plaçons.




    D’autre part, il faut encore remarquer que la forme de ce même signe présente deux ternaires disposés en sens inverse l’un de l’autre, ce qui en fait à certains égards, un équivalent du “sceau de Salomon” : si l’on considère celui-ci sous la forme où le trait horizontal médian précise la signification générale du symbole en marquant le plan de réflexion de “la surface des Eaux”, on voit que les deux figures comportent le même nombre de lignes et ne diffèrent en somme que par la disposition de deux de celles-ci, qui, horizontales dans l’une, deviennent verticales dans l’autre.



    (2) Pour de plus amples développements sur cette conception des “trois mondes” nous sommes obligés de renvoyer à nos précédents ouvrages, L’Ésotérisme de Dante et L’Homme et son devenir selon le Vâdânta.

    Dans le premier, nous avons insisté surtout sur la correspondance de ces mondes, qui sont proprement des états de l’être, avec les degrés de l’initiation.


    Dans le second, nous avons donné notamment l’explication complète, au point de vue purement métaphysique, du texte de la Mândûkya Upanishad, dans lequel est exposé entièrement le symbolisme dont il est ici question ; ce que nous avons en vue présentement en est une application particulière.



    (3) A ceux qui s’étonneraient d’une telle expression nous pourrions demander s’ils ont jamais réflécho à à ce que signifie le triregnum, la tiare à trois couronnes qui est, avec les clefs, un des principaux insignes de la Papauté.

    (4) Mândûkhya Upanishad, schruti 6
    (5) Saint-Yves dit bien que les trois “Rois Mages” étaient venus de l’Agarttha, mais sans apporter aucune précision à cet égard. —

    Les noms qui leur sont attribués ordinairement sont sans doute fantaisistes, sauf pourtant celui de Melki-Or, en hébreu « Roi de la Lumière », qui est assez significatif.


    (6) L’Amritâ des Hindous ou l’Ambroisie des Grecs (deux mots étymologiquement identiques), breuvage ou nourriture d’immortalité, était aussi figurée notamment par le Soma védique ou le Haoma mazdéen. — Les arbres à gommes ou résines incorruptibles jouent un rôle important dans le symbolisme ; en particulier ils ont été pris parfois comme emblèmes du Christ.



     

     


     



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    Dans Les rêves et l'éveil intérieur (1), H.P. Blavatsky et W.Q. Judge nous incitent à un "Yoga du sommeil" dont l'objectif est de lier conscient et inconscient afin de tirer partie de l'expérience de la conscience pendant la nuit.

      L'approche jungienne des rêves se fonde sur un certain rapport entre conscient et inconscient : l'inconscient exerce une influence sur la conscience et lui apporte, pendant le sommeil, un ressourcement et un enrichissement possibles.
     
    Le conscient, au réveil, exploitera, à l'aide de la mémoire, le message de l'inconscient pour apprendre à mieux se connaître et lire les pages de la vie. Il est cependant soumis au danger de la subjectivité qui constitue un miroir déformant.

      Le rapport entre conscient et inconscient que propose la Théosophie est autre. Les théosophes expliquent le travail qui peut être fait à partir des rêves par la volonté d'un chemin complémentaire, partant de la conscience pour se prolonger dans le rêve : un travail de purification et de volonté durant les périodes d'éveil permet à la conscience d'entrer dans un rapport moins conflictuel et moins subjectif avec l'inconscient.
     
    L'un et l'autre travaillant alors ensemble se complètent et s'enrichissent sans que le conscient attende tout du message de l'inconscient. Il s'agit d'une discipline spirituelle qui consiste non pas à faire des expériences merveilleuses ni à acquérir des pouvoirs, mais à épanouir l'être dans ses potentialités, à un niveau où toute préoccupation égoïste et personnelle est ex
    clue.
    "L'objectif serait de jeter un pont d'un plan à un autre afin de favoriser cette permanence de l'éveil de l'individu avec la possibilité de ramener de plus en plus efficacement à la mémoire de veille le contenu d'expériences puisé à la racine de notre Soi profond, source inépuisable d'omniscience". 

    La Théosophie reprend à son compte les quatre états de la conscience de la tradition brahmanique (2) à savoir l'état de veille, le rêve, le sommeil sans rêve et l'absorption dans le Soi Supérieur immuable.

      La vie de veille est celle que nous vivons quotidiennement. Le corps physique y est le véhicule et le vêtement du Soi. C'est la vie extérieure des sens, avec, entre autres, ses pouvoirs de perception, qui"entendent, voient, sentent, touchent et goûtent" et ses pouvoirs d'action qui "parlent, prennent, jouissent, expriment et mettent en mouvement".

      La vie de rêve est celle du monde intermédiaire entre la Terre et le Ciel. Elle constitue le second degré de la conscience. Privé de ses moyens d'appréhension et d'action extérieurs, l'homme endormi entre dans le monde du rêve dans un corps de rêve, corps mental façonné par l'imagination à l'image du corps physique.

      "Mais quand le mental est absorbé par l'Etincelant, il ne rêve aucun rêve" (Extrait de la traduction de la Mandukya Upanishad). C'est alors la vie sans rêve ou le troisième degré du soi, pendant lequel, tous, nous entrons en contact avec des êtres spirituels. Le Soi ne perçoit plus l'extérieur par les sens dont les pouvoirs sont transcendés, les pouvoirs perceptifs sont réunis en un seul pur pouvoir de connaissance et les pouvoirs actifs en un seul pur pouvoir de volonté. L'être jouit de la béatitude. Selon Platon, la mort est un sommeil de cette espèce. Les ombres s'évanouissent. Au lieu de vaciller entre amour et haine, espoir et crainte, l'âme trouve son unité.

      Les maîtres de sagesse et les adeptes sont conscients de cet état, et, travaillant sur leur discipline mentale, ne font pas de multiples rêves comme la plupart des mortels. Leur vie et leur réalisation sont au-delà du rêve.

      Voici comment le Mandukya Upanishad, cité par Judge, définit le quatrième niveau de conscience :

    "L'état dans lequel il n'y a pas de perception intérieure,
    Ni de perception extérieure,
    Ni les deux à la fois,
    Ni connaissance ininterrompue,
    Dans lequel il n'y a ni perception,
    Ni non-perception,
    .....
    Cet état paisible,
    Béni, sans dualité,
    Est appelé le quatrième degré.
    Il doit être connu comme le Soi."

      "Dans la salle de nos rêves, les lampes finiront par s'éteindre, les pauvres fleurs coupées de leurs racines s'étioleront et se faneront ; mais en revanche, nous aurons le soleil éternel, l'air frais de sommets, la joie silencieuse des collines éternelles".

      Ainsi, aux quatre modes de l'Eternel - monde extérieur, monde intérieur, monde divin, Soi divin - correspondent les quatres modes de la conscience - vie de veille, vie de rêve, vie sans rêve, vie divine -. Ce sont les quatre étapes sur le sentier de la vie, quatre étapes de développement que l'âme doit parcourir dans son voyage de retour vers l'Eternel. Chacun de ces états constitue un éveil par rapport au précédent.

      L'adepte ou le maître participe consciemment aux trois stades de conscience précitées : veille, rêve, sommeil sans rêve, alors que l'homme ordinaire n'est conscient que de son état de veille. Or il est essentiel de relier tous les plans afin de ne pas perdre, en état de veille, la mémoire de ce qui s'est passé en rêve, ni laisser de côté les expériences de l'état de veille quand on rêve. C'est dans l'état de veille que nous nous régénérons et dans cet état que nous devons atteindre la sagesse. L'état de veille exerce une influence sur l'état de rêve en induisant des rêves. Selon ses capacités de calme et de concentration, il dénature les instructions qui lui vienne du rêve ou, au contraire, en favorise un souvenir exact. Le rêve, quant à lui, influence l'état de veille par ses suggestions bonnes ou mauvaises.

      Chaque nuit, lorsque nous quittons l'état de veille pour entrer dans le sommeil, nos sens s'engourdissent et le cerveau fait émerger pêle-mêle des images tirées de l'expérience de l'état de veille. Chaque état est séparé de l'autre comme par une sorte de cloison. Progressivement, le dormeur passe à travers ces cloisons imaginaires pour traverser d'abord l'état de rêve puis atteindre le sommeil sans rêve. Il prendra le chemin inverse quand, petit à petit, il quittera le plan supérieur pour revenir à sa réalité d'éveil.

      Notre confusion mentale fait que nous passons presque toujours d'un plan à l'autre sans conscience et sans mémoire véritables. C'est pourquoi les images persistant à notre réveil sont déformées et empreintes de beaucoup de subjectivité. Pour que la concentration mentale puisse nous faire voyager dans les différents plans sans les mélanger et nous permettent de garder en mémoire des images et des messages reçus aussi bien en état de rêve qu'en état de sommeil sans rêve, il est essentiel de bien conduire ses pensées de veille. Il nous faut pour cela cultiver durant notre éveil les sentiments du Beau, du Bon et du Juste qui enrichissent et ennoblissent notre âme.

      La différence entre l'homme concentré et l'homme dispersé est que le premier passe d'un état de conscience à l'autre, à travers les cloisons imaginaires, comme "l'eau conduite dans un tuyau" ou comme "les rayons du soleil réfractés dans une lentille", alors que le deuxième est semblable au sable que filtre un tamis. "Le seul moyen est de nous rendre perméable aux influences du Soi supérieur et de vivre et de penser de manière à pouvoir nous rapprocher d'une réalisation du but de l'âme, d'où pratiquer la vertu et rechercher la connaissance".

      1. Les rêves et l'éveil intérieur, Textes choisis de H.P. Blavatsky et W.Q. Judge, Textes Théosophiques, 1987. Toutes les citations de cet article sont tirées de cet ouvrage.


     
    Catherine Peythieu

     

     

     

     

     

     

     


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  • LE SEIGNEUR BOUDDHA A DIT






    «que nous ne devions pas croire à une chose uniquement parce a été dite, ni croire aux traditions parce qu'elles ont été transmises depuis l'antiquité; ni aux « on dit » en tant que tels; ni aux écrits des sages parce que ce sont des sages qui les ont écrits; ni aux imaginations que nous supposions nous avoir été inspirées par un déva (et que nous croyons être une inspiration spirituelle); ni aux déductions tirées de quelque hypothèse hasardeuse que nous aurions pu faire; ni à ce qui paraît être une nécessité analogique; ni croire sur la simple autorité de nos instructeurs ou de nos maîtres.

    Mais nous devons croire à un écrit, à une doctrine ou à une affirmation lorsque notre raison et notre expérience intime les confirment. C'est pourquoi, dit-il en conclusion, je vous ai enseigné à ne pas croire simplement d'après ce qui vous a été dit, mais conformément à votre expérience personnelle, et puis à agir en conséquence et généreusement. »

    Doctrine secrète, t. III, p 401, édition anglaise.

     

     


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  • L'ÂME ET SON LANGAGE




    Venant d'un passé insondable, l'Âme immortelle a cheminé de vie en vie, entrant tour à tour dans des corps et les abandonnant, au long du chemin qui mène à son émancipation.

    Chaque étape lui fournit les occasions d'expérience et les moyens d'en tirer parti : à chaque naissance, dans le milieu où ses affinités passées la poussent à s'incarner, elle modèle un nouveau corps, un nouveau cerveau; une psyché nouvelle se construit par une fusion des éléments propres à l'âme et des apports du milieu, et de l'éducation.

    Cette psyché n'est donc qu'une expression superficielle, temporaire de l'Ego. Elle est son instrument le plus inférieur, le plus mêlé d'éléments hétérogènes : comme un miroir à mille facettes, elle reflète tour à tour la pure clarté du ciel et les rouges lueurs de l'enfer terrestre.


    Et l'homme, sollicité dans sa conscience par l'attraction de son pôle divin et la fascination du monde des sens, souffre et se débat dans l'ignorance de sa véritable grandeur.

    Pour mieux saisir le problème de l'âme essayons de l'aborder de l'intérieur, au moyen d'une analogie.

    Pensons par exemple à la lumière ou au son : au delà de la gamme septénaire des couleurs et des notes perceptibles, se succèdent d'autres octaves qui correspondent à des taux de vibration trop élevés ou trop faibles pour frapper nos sens.

    Cette image peut se transposer à la Nature entière et à l'homme. L'être humain est comme une lyre à sept cordes dont chacune correspond à un plan de conscience et de substance particulier avec lequel l'Âme entre en relation.

    La conscience de veille ne répond qu'à une seule de ces cordes. Le cerveau, accordé sur cette tonalité, n'est pas encore entraîné à vibrer en résonance avec les autres cordes, ce qui nous interdit de garder le souvenir conscient des autres états d'expérience de l'Âme.

    C'est ainsi que chaque nuit, dans le sommeil profond, l'Ego se trouve sur un plan de conscience où il pense et agit sans que nous n'en soupçonnions rien au réveil. Dans l'hypnose, l'état d'anesthésie, l'extase mystique, l'homme intérieur connaît d'autres conditions d'expérience dont le cerveau, faute d'entraînement, ne retient que peu de chose.

    La connaissance de ces champs d'expérience de l'Âme, et les moyens d'y pénétrer de façon telle que le cerveau puisse en conserver la trace consciente ont, de tout temps, été recherchés par les hommes qui, intuitivement, ont pressenti l'existence d'autres mondes plus réels que ce cosmos physique.

    Ceux qu'on peut appeler les Aînés de l'humanité sur le chemin de l'évolution ont depuis longtemps découvert ces secrets et la voie qu'ils ont tracée pour leurs disciples a pour nom Raja Yoga.

    C'est la. voie royale qui permet d'accorder la lyre humaine avec les sept plans d'harmonie de la Nature.

    Elle ouvre à l'Âme la possibilité d'une permanence de conscience individuelle et indépendante qui relie entre eux tous les états vécus sur les divers plans d'expérience.

    L'Ego ne subit plus la vie incarnée, il la dirige ; et ses actions volontaires, soi-conscientes, se poursuivent sans discontinuité au delà de la mort physique.

    La Toute-Connaissance est au. bout de cette voie. Elle est la récompense des efforts surhumains de ceux qui ont consacré des vies entières à cette entreprise.


    En dehors de ce Yoga, réservé d'ailleurs au petit nombre, cette présence intérieure de l'Ego peut-elle devenir tangible à notre conscience de veille ? Notre moi profond a-t-il un langage intelligible à notre psyché terrestre ?

    Toute chose a un langage pour l'observateur attentif. Le poète déchiffre celui d'un visage aimé ; la mère celui du souffle de l'enfant endormi ; le savant écoute la palpitation des galaxies pour en apprendre l'histoire du monde.

    Un langage est un ensemble de signes, de symboles, parfois très simples en apparence, qui ne font que traduire une réalité intérieure souvent complexe ;

    les mots d'amour qu'échangent les amoureux sont presque toujours d'une étonnante banalité : chacun évoque pourtant une intensité de sentiment et de pensée que les êtres perçoivent directement.

    Ainsi, pour l'homme intuitif, il y a une couleur, un ton, une chaleur dans les mots qui le renseignent bien plus sur l'état intérieur de l'âme qui parle que ces pauvres messagers imparfaits.

    L'Ego possède également un langage que le cerveau traduirait en pensées claires si seulement il y était plus réceptif.




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